samedi 10 octobre 2009

L’angoisse des éléphants et petits marquis « socialos »


Quoiqu’il faille rester prudent sur les résultats des dernières élections européennes, furent confirmés, pour le moins, le désintérêt, le rejet d’un jeu sans enjeu. Rien n’y fait, même la puissance des médias, les classes populaires n’adhèrent pas à cette Europe capitaliste et libérale, malgré les promesses de vaines réformes. Quant aux classes moyennes, elles semblent reporter leurs espoirs, pour partie, dans l’attelage disparate d’Europe Ecologie. La Bérézina de la « société des socialistes »1, malgré la morosité ambiante de l’échec des luttes, ne peut que nous réjouir. Le devenir des petits marquis et autres barons qui espéraient accéder aux sommets de l’Etat pour gouverner dans le cadre de l’alternance, au profit de la bourgeoisie financière et industrielle semble des plus compromis. Leur angoisse de voir leurs rêves s’évanouir est telle que, dans la dernière période, ils répandent leurs états d’âme, leurs jugements et pronostics catastrophiques. Cela vaut véritablement le détour. La probabilité de ne plus être le parti hégémonique d’opposition, ce qui leur assurait de détenir, en cas de succès, les postes de commande, les laisse pantois, indécis sur leur avenir, prêts à la reconversion quand ce n’est pas déjà fait. Ce fut donc une véritable distraction que de collecter et de mettre en scène les jugements que ces tristes sires portent sur eux-mêmes2 d’autant que, tout compte fait, le diagnostic d’ensemble qui en ressort semble pertinent. Il démontre l’état de déliquescence de ce parti et révèle surtout, mieux qu’une analyse abstraite, les aspirations contrariées des ténors. Le sol se dérobe sous leurs pieds, la vieille taupe semble avoir creusé tant de galeries sous la fondation de la « Maison commune » que la refonder, la reconstruire, la rénover demeure un luxe que beaucoup d’entre eux ne veulent plus se permettre.

Déliquescence

A les entendre, le diagnostic est cruel. On les savait « divisés » mais « recroquevillés sur eux-mêmes » ? Dans cette auberge espagnole les voix sont discordantes et plurielles. Elles nous disent sur tous les tons que « l’appareil est tombé dans le formol » mais qu’il « faut essayer de le relever » bien qu’il soit à terre et demeure « une machine à perdre », « un arbre sec » qui ne peut plus produire aucun fruit. Quant à Martine Aubry que tous les petits marquis ont mise à leur tête, elle n’est que le « chef d’orchestre de la cacophonie qui règne à bord de ce Titanic, incapable de voir l’ampleur des voies d’eau » qui le plombent. A bord de ce navire qui sombre, elle fustige les fausses notes des quadras, impatients qu’ils sont de trouver une bouée de sauvetage. Pour reprendre la description amusée du journaliste Noblecourt 3, sur le pont, « le bal des égos » tourne à la ménagerie : « les éléphants s’ébrouent, les jeunes lions se défient les uns les autres » tandis que les grands barons des Régions se cramponnent au bastingage « se refusent à toute discipline, à toute vassalité » orchestrale. Ils sont tous malades de la peste électorale car, selon Rocard embarqué dans un autre bateau de plaisance, « les carottes sont cuites », « les électeurs … ont montré leur attachement au modèle du capitalisme financiarisé » et au « vote conservateur ».

Benoît Hamon, « pour franchir le cap », avant que le bateau ne sombre, suggère d’embarquer sur une chaloupe (pour l’heure) chimérique « celle du rassemblement de toute la Gauche qui dépasserait notre propre formation ». Mais personne n’entend, les socialistes ne sont pas seulement « inaudibles et malades » mais sourds et « immatures ».

Bref, « la situation est grave », désarmé il faut « se réarmer idéologiquement », car la « Maison commune » s’écroule, la « refonder » sur des ruines pour les uns, la «rénover » pour les autres, alors que manifestement il n’y a pas que la façade qui soit craquelée, cela donne lieu entre eux à « une bataille de chiffonniers ». Sans y croire, ceux qui veulent la réparer proposent de « rénover la démocratie ». Mais pour réintroduire un peu de sérénité « dans ce grand corps malade et à la dérive », au sein « d’un appareil en pleine nécrose » qui ne produit qu’un « vide sidéral » car son « encéphalogramme est plat », il faut véritablement faire appel à un nécromancier4. Mais il ne suffit pas d’invoquer Jaurès ! Le constat de l’analyse de G. Grunberg laisse peu d’espoir : le navire « ne fonctionne plus, il est désorienté », d’ailleurs « on n’attend plus rien de lui puisqu’il n’a rien à dire » de différent de Sarko ou si peu.

Et, sur le pont, c’est le « désarroi », la panique, « il n’y a pas d’esprit d’équipe », tous se chamaillent, font preuve d’esprit de chicane, pensez donc ! «En 10 ans, Hollande n’a pas avancé une seule idée » pour s’en sortir. Alors beaucoup, parmi les ténors, à force de s’égosiller « n’ont d’autres espoirs que de s’inventer d’improbables destins solitaires ». Ils le pressentent, « leur survie est incertaine » même si « le risque de mort subite est très faible ». Voyez ! «La SFIO a mis 15 ans à disparaître », pas de quoi se réjouir « l’agonie n’en sera que plus cruelle ». Ajoutez à cela (n’en jetez plus !) « la balkanisation du Parti conduite par les barons et leurs alliances à géométrie variable », on risque d’assister à une guerre des fiefs. Quoique ! Les éléphants roses sont des êtres timorés, à preuve, l’incantation « d’avoir de l’audace » pour oser s’attaquer au bouclier fiscal de Sarko et, contradictoirement, de ne pas faire de l’antisarkozysme. Et puis, ils sont tous affectés de « paresse intellectuelle », « ils ont perdu le sens du désintéressement », engoncés qu’ils sont dans « le bricolage politicien » et « le clientélisme interne ». Ils déplorent, blâment « la vaine querelle des générations », celle qui fut aux affaires et celle qui y aspire, sans se rendre compte que « la Gauche gouvernementale … s’est perdue elle-même ». Quant aux barons, ils se « sont (tellement) enfermés dans le refuge anesthésiant du localisme, flirtant avec l’apolitisme » qu’ils ne s’aperçoivent même plus qu’ils sont « majoritaires dans les régions mais impuissants ». Les chefs de courants disloqués ruminent leur « soif de pouvoir ». Débauchables, ils le sont ou peuvent le devenir. Sarko guette ses proies prochaines. Manuel Valls piaffe, lance son cri du cœur, il « ne veut pas mourir à petit feu », lui et sa génération de quadras, « dans ce parti moribond ». Lui et les mêmes qui avaient fait le choix du PS en espérant qu’après Chirac, leur heure serait venue. Alors, ils espèrent tous un miracle à l’américaine qui leur ramènerait une cohorte d’électeurs.

Dans l’attente d’un miracle, pas de prophétie mais des prophètes en surnombre

L’angoisse est perceptible, la promesse d’une nouvelle « renaissance » (il faut être mort pour en parler !) doit-elle venir d’un projet (car ils n’en n’ont pas) ou d’un leader (il y en a trop) ? Il y a ceux qui s’acharnent à démontrer qu’ils auraient une terre promise à proposer et là, ça tourne vinaigre aux phrases creuses et à l’enfer sarkozien. Lebranchu qui s’y essaie n’est pas véritablement branchée sur la réalité de la précarisation galopante de la société. Son programme ? « Que chacun soit à sa place puisque chacun a le droit à la réussite comme à l’échec » (car) « il faut protéger les citoyens et faire confiance aux entrepreneurs » ! Rien que cela ! Et faute de mesures concrètes qui risqueraient d’être trop radicales, son faible dessein est de « dessiner une France pour lui redonner une âme » (elle vire mystique, ma parole !) et « des armes… (!) pour la compétitivité internationale ». Mieux, elle prétend « donner un visage à la solidarité et à la morale publique ». C’est là du marketing à bas bruit pour une marchandise bien frelatée d’autant que « battre la Droite n’est plus un projet politique » quand il est si difficile de s’en distinguer. Alors, faut-il la singer encore plus pour reconquérir ces classes moyennes dont Strauss Kahn, ce faux prophète réfugié dans la tour d’argent du FMI, leur avait promis qu’elles étaient leur avenir. Pour Manuel Valls qui vire sécuritaire et xénophobe, cela ne fait pas l’ombre d’un doute : « Il faut tout remettre en cause jusqu’au nom du Parti ». Les Partis frères européens montrent la voie, dans la lignée de Sustra qui a succédé à Veltroni, la coqueluche de Ségo, comme le Parti démocrate italien, il faut être « centriste à l’américaine » et Sustra de préciser, pour ceux qui n’auraient pas compris : « nous ne sommes pas des socialistes, pas trop de Gauche et pas trop pour l’étatisme ». Aubry a recadré cet impatient. Certes, de programme, nous, parti de Gouvernement, nous n’en avons pas, alors « il faudra des propositions » et de nous citer des exemples consternants à vous combler de désespérance : « Mieux indemniser et former les chômeurs » (cette calamité est nécessaire !), « accompagner les PME performantes (point trop n’en faut !) et de plaider pour « une durée du travail tout au long de la vie » (le problème des retraites résolu !). Eh oui, elle n’a qu’un regret, celui de « n’avoir pas pu faire la réforme des retraites » lorsqu’elle était aux affaires et a laissé Sarko le faire !

Angoisse, nous sommes à «1 000 jours des Présidentielles », « attention » nous allons manquer la marche du pouvoir ! C’est pas le moment, rétorquent les barons, « la bouée de sauvetage du PS, ce sont les élus locaux ». Les Régionales c’est tout de suite, pas touche, nous voulons garder la haute main sur ce scrutin et la composition des listes ; ne venez pas interférer dans nos affaires avec vos courants et votre tactique électorale.

Mais, il nous faut un sauveur, vite, « 1 000 jours ». Vite, un miracle. « Il va falloir que quelque chose se produise et vite, sinon, tout sera irrémédiablement (sic) compromis ». L’oracle ce sont les primaires à l’américaine. La décision n’est pas encore prise, qu’à cela ne tienne, les prétendants se bousculent déjà. « Obnubilés », les Valls, Mosco, Hollande, Delanoë, tous prêts à étouffer Ségo ! Fringante, la petite dame les a remis à leur place. Elle a tracé son autoportrait, elle est la seule à avoir « charisme, courage, lien avec le peuple et du plaisir (sic) ». Comme pour mieux assurer sa dérisoire autopromotion, elle nous promet, pour la rentrée, la parution « d’un dictionnaire amoureux de la politique ». L’apprentie starlette a de telles bouffées de chaleur qu’elle veut nous les faire partager ? Cette starmania annoncée sent le bide assuré, non ?

Quant à Mister Hollande, lui, il s’est installé à son propre compte. Il préconise comme une nouveauté « de relancer la production française » et de « lancer un nouvel emprunt », du Sarko pur jus … Pas de quoi s’étonner que, vis-à-vis des uns comme des autres, fleurit entre camarades le sobriquet chaleureux de « doux dingues ». Ils ont de ces amabilités ceux qui claironnent la fraternité ! Mais ils n’oublient pas qu’ils ont des maroquins à conserver. Et là, Hue, le maître en balourdise qui « s’enorgueillit d’avoir porté la plus longue participation des communistes à un gouvernement de Gauche en Europe occidentale » et par la même occasion de les avoir réduits à la portion congrue, est arrivé en prompt renfort « pour jouer un rôle fédérateur ». Il n’est pas certain qu’il arrive au port pour « sauver les 185 conseillers régionaux PCF sortants ». C’est pourtant la mission qu’il s’est assignée, le drôle, qui avoue « les partis de Gauche ont failli » et pourtant il est « tellement fier de son parti », lui qui n’a pas repris sa carte au PCF … Pitoyable ! Bartolone, lui, est plus réaliste : « c’est foutu ». « Les électeurs ne nous trouvent ni utiles, ni sympathiques » et amer, de se questionner : « les socialistes ont-ils envie de rester ensemble ? Y a-t-il un avenir porteur ailleurs ? »

Des aspirations contrariées pour intégrer les cercles dominants

« 1 000 jours » pour parvenir ou déchoir. Certains, pragmatiques, n’ont pas attendu, les débauchables se sont fait débaucher, ils ont quitté le navire en perdition et, ma foi, se sont bien intégrés. Laissons de côté l’inénarrable bushien Kouchner, intéressons-nous pour leurs caractères emblématiques à Besson et à Rocard. Nous ne dirons rien non plus de ceux qui sont sur liste d’attente, les Lang, Allegre et quelques autres en mal de reconversion.

Besson donc, l’ex-spécialiste en économie du PS, l’ex-futur espoir, s’est très vite adapté à ses nouvelles convictions sarkozystes. Son prédécesseur lui a montré la voie, il déploie tout son zèle. Ministre de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale, le voici désormais pétainiste bon teint, justifiant la délation, réclamant des corbeaux. Ne doutant de rien, bonhomme, aux associations de défense des « sans papiers » il réclame des noms, des coupables ! L’homme a ses quotas à respecter et un délit de solidarité à faire appliquer, ce qui motive amplement toutes les tracasseries qu’il fait subir, le climat d’intimidation et de crainte qu’il entretient. La loi républicaine est ce qu’elle est : quiconque aide, héberge un sans papier a le droit à une peine maxi de 5 ans d’emprisonnement et 30 000€ d’amende. Certes, on n’ose pas, en haut lieu, l’appliquer dans toute sa rigueur sécuritaire. Cela n’empêche pas ce fringant dignitaire de la xénophobie, de mentir effrontément au GISTI5, en prétendant malgré les preuves avancées qu’aucune condamnation n’a été prononcée. N’en doutons pas, la raison d’Etat républicaine guide ses pas. C’est certainement une de ces « valeurs » dont se gargarise chaque matin Martine Aubry, muette sur le sujet des étrangers. Ces gens là nous assurent pourtant qu’ils sont pleins d’humanité et de fraternité ! Faut pas croire le dicton populaire qui nous assure que « lorsque l’on a la chemise merdeuse on ne monte pas au mât de cocagne ».

Ah ! Rocard, c’est un autre style, tout en rondeur et rond de jambes. Devenu premier missi dominici de Sarko et qu’importe si les idées ne viennent pas de lui, il admire son étroitesse pontifiante d’homme indispensable. Membre de la commission de réflexion sur l’emprunt national en compagnie de Juppé, Monsieur « taxe carbone »6 et récemment promu par son ami Kouchner, ambassadeur itinérant pour la protection des pôles arctique et antarctique. Cela ne lui suffisait pas de nous montrer sa superbe propriété avec ses chats et ses chiens, le voila qui court le « pingouin » … Plus méchamment ses petits camarades disent qu’il s’est « transformé en béquille improbable de Sarko ». Ils oublient que ses conseils ( !) sont largement rémunérés et que les croisières sont un agrément sans nul autre pareil. A bord du luxueux bateau Diamant (ça ne s’invente pas !) du 29 juillet au 9 août, l’inusable Rocard appareillera pour une tournée en Groenland afin de découvrir la magie des glaces7. Sûr que ce complaisant personnage nous reviendra avec force recommandations, et plein de faconde sur la bonne gouvernance pour la planète !

Ah les barons ! Ils se portent bien, se pensent indélogeables. Prière de ne pas leur souffler dans les bronches, leurs courants ce sont leurs affidés et ils n’ont d’états d’âme ni pour la plèbe ni pour la nature. Une figure cynique pour illustrer : Jean Marc Ayrault, le bétonneur, celui qui a compris que l’avenir c’est la sainte alliance UMPS. Le Maire de Nantes, député mégalo, trouve que son aéroport n’est pas assez grand(iose). Pensez donc ! il accueille 2,8 millions de passagers par an. Bon, pour ne pas le contredire, oublions que celui de Genève avec ses 340 hectares permet à ses 10 millions de voyageurs d’emprunter les avions sans problème et considérons le projet qu’Ayrault a concocté avec l’UMP. Pour la bagatelle de 600 millions d’euros, 2 000 hectares de terres agricoles seront dévorées, 50 exploitations agricoles rasées et l’étalement urbain stimulé, les nuisances sonores en seront amplifiées mais ce qui compte c’est bien sûr le développement durable de la nouvelle mégapole européenne. Que les associations pétitionnent, que 200 élus ruraux se coalisent, il n’en a cure, la démocratie est chose trop importante pour être confiée à la populace.

Il y a les grands élus et aussi les gagne-petit qui veulent jouer dans la cour des grands. Lorsque ces apprentis affairistes ou ripoux à la petite semaine se font prendre la main dans le sac alors qu’ils espéraient frimer auprès de leurs pairs, ils sont pitoyables. Il n’y a pas lieu de s’étendre sur ces cas comme ceux du Maire d’Hénin-Beaumont ou de Julien Dray. Notons néanmoins que le premier a redonné consistance au FN en perte de vitesse et que le second en puisant dans les caisses de SOS Racisme et de la FIDL8, et ce, pour se donner des airs de petit pontife et satisfaire ses goûts de coquette (montres Rolex … une James Bond …), rend un fier service à ceux qui n’avaient pas encore saisi la nature de ces filiales du PS. Et le chiqué est choqué que l’on ose révéler ses malversations, quand nombre traders inconnus s’en mettent plein les poches.

Dans ce marigot quelque peu fétide, la foire aux vanités est désormais bien mal récompensée. Las d’attendre une alternance désirée qui ne vient pas. Certains ont certes sauté le Rubicon qui les sépare si peu de la Droite, les autres trépignent. 1 000 jours ! Ces parvenus ou aspirant à le devenir sont obnubilés par leur « désir d’avenir » : servir la bourgeoisie financière dominante et en attendre en retour une juteuse rétribution par intégration. Leurs modèles sont peut-être à l’Est ? Quoique Blair à l’Ouest c’est pas mal. Pour ne nous en tenir qu’aux Allemands, orfèvres en la matière, citons Schroeder, cet ex-idole de la « social démocratie » qui, ayant à peine quitté son fauteuil de la Chancellerie s’est propulsé à la tête de Gazprom. Lui, l’un des dirigeants les plus riches de ce consortium vient d’être rejoint par Joachim Fischer, l’ex-coqueluche de la « gauche » européenne. Embauché par Nabucco, il paraîtrait, selon la presse allemande discrète en la matière, qu’il palperait un salaire alignant cinq zéros en euro. En gentleman de cette nouvelle aristocratie financière, Schroeder a salué l’arrivée de ce concurrent par un « bienvenu au club » ! D’autres, moins bien placés, intégrés au sommet des conseils d’administration tels Cap Gemini, Casino, CETELEM, la Banque Lazard … font certainement baver d’impuissance tous les petits soupirants qui peuplent le PS. Dans le sillage des maîtres, ils sont comme ces mouettes criardes quémandant leur rebut de morue derrière le navire de la mondialisation.

La taupe creuse là où l’on ne l’attend pas

Mais les temps ont changé. La bourgeoisie financière dominante n’a qu’une religion, Sarko l’intrépide. Le bloc au pouvoir traite avec mépris les classes appuis de la petite bourgeoisie et des classes moyennes sur lesquelles s’est fondé le PS pour se hisser aux hauteurs de l’Etat pour mieux libérer le capitalisme de contraintes réglementaires jugées archaïques. L’heure est à la brutalisation des rapports sociaux. Pour restaurer dans toute sa splendeur spéculative le capital financier, il faut bien faire payer la crise à tous ces bobos. Quant aux classes populaires on leur fera ingurgiter de force la pilule amère. On pourra toujours, pour les aider à déglutir ces couleuvres, leur injecter quelques baumes palliatifs tels le RSA et autres contrats de transition professionnelle car, chez ces gens là, il est courant de croire que la mansuétude populaire peut gober les illusions les plus ténues. Comme les socio-libéraux ne sont plus d’aucune utilité dans le moment présent, Sarko et ses godillots sont bien décidés à les ringardiser définitivement. Guère insurmontable, ce labeur de réduction du poids des socialos dans les régions et départements, surtout si le taux d’abstention des classes populaires se maintient. Quant aux 10, voire 15 % de l’extrême Gauche, on peut faire avec. Et vis-à-vis de l’attelage improvisé qui marie la carpe libérale et le lapin écolo auquel est rallié l’électorat bobo qui ne sait plus à quel saint se vouer, Sarko-Borloo en feront leur affaire. Et les socialos de pinailler, de pousser des cris d’orfraie à nous épouvanter que l’on puisse, par du charcutage électoral, leur piquer ce qui leur reste. Le sol se dérobe sous leurs pieds, on comprend dès lors que leur jactance s’emballe.

C’est là l’oeuvre de la vieille taupe, là où l’histoire peut nous surprendre. L’illusion d’une obamania se propageant dans l’hexagone se dissout déjà et la réalité de la politique présente et passée taraude les classes populaires et la petite bourgeoisie. L’alternance pour la gauche patronale s’éloigne comme un cauchemar que l’on ne veut pas revivre. Là où les socio-libéraux sont encore au pouvoir en Europe, en Espagne, au Portugal et en Grande Bretagne, la situation est catastrophique pour les peuples. Et que dire de ces parlementaires britanniques (cette gauche moderne) qui, comme de vulgaires escrocs se vautrent dans les deniers des contribuables ? La mémoire est à vif et les réminiscences sont autant de blessures : la libéralisation des capitaux (Bérégovoy de 88 à 91), la défiscalisation des stocks options (Strauss Kahn), la réduction des impôts pour les plus riches initiée par Fabius … etc

Alors, rien ou si peu ? Les salariés sont en colère, le feu couve toujours dans les quartiers populaires, les luttes restent défensives, éparpillées même si leurs formes débordent le dialogue social consensuel cher à Chérèque. A l’Elysée et dans les milieux patronaux, l’on a poussé un ouf de soulagement, la jonction des mouvements sociaux qui touchaient les hôpitaux, les universités, les travailleurs licenciés, ne s’est pas produite. Parmi les classes populaires, l’heure est à la déprime et à la croyance diffuse et entretenue que cette crise est un mauvais moment à passer. Ce discours dominant imprègne les esprits quoiqu’on en pense. Les classes dirigeantes et leurs porte-parole nous l’assurent, ils vont moraliser le capitalisme. Certes, quelques escrocs emblématiques nous seront jetés en pâture mais la logique de vautours ne sera pas remise en cause. Anesthésiantes, les idées dominantes enferment les masses dans une prison sans paroi visible. Seule leur pratique sociale faite de nouveaux échecs et de confrontations peut la briser pour autant qu’elle soit étayée par les convictions fortes de révolutionnaires issus de leurs rangs. Nous n’en sommes pas là. Il n’empêche, l’ébranlement des assises sociales des socio-libéraux a dissipé bien des illusions. La vieille taupe a creusé de profondes galeries sous leurs pieds. Aux communistes de savoir manœuvrer intelligemment, ce n’est pas donné.

Gérard Deneux le 3.08.2009

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